Friday Flashback #322


The release of the movie Jurassic Park, the video game Virtua Fighter and the launch of the software Face Robot are three particularly significant events in the history of Softimage, says its vice president and general manager, Marc Stevens.

Softimage – Des dinosaures de Jurassic Park aux castors Jules et Bertrand

L’entreprise fondée par Daniel Langlois cherche à créer des logiciels conviviaux pour les artistes

29 novembre 2006 |Brigitte Saint-Pierre | Cinéma
Jurassic Park, Titanic, The Matrix, Happy Feet: tous des films pour lesquels un logiciel de Softimage a été mis à contribution. Appartenant à des intérêts états-uniens depuis 12 ans, l’entreprise fondée par Daniel Langlois en 1986 conserve néanmoins son bureau principal à Montréal.

La sortie du film Jurassic Park, celle du jeu vidéo Virtua Fighter et le lancement du logiciel Face Robot sont trois événements particulièrement marquants de l’histoire de Softimage, mentionne son vice-président et directeur général, Marc Stevens.

Softimage franchit le cap de la vingtaine cette année et a toujours pignon sur rue à Montréal, bien qu’elle appartienne à des intérêts états-uniens depuis 1994. Montréal a joué et continue de jouer un rôle important dans le succès de Softimage, estime M. Stevens, qui affirme qu’on y trouve à la fois des personnes créatives de grand talent et d’autres qui maîtrisent très bien la technologie.

C’est en 1986 que l’entreprise voit le jour. Après avoir appris à opérer un système d’animation par ordinateur à l’Office national du film, Daniel Langlois fonde Softimage. Avec son équipe, il crée un logiciel d’animation 3D plus simple d’utilisation. Cette volonté de fournir des outils aux artistes et de leur permettre de se concentrer sur leur art sans devoir consacrer trop de temps à la maîtrise de la technologie informatique est constante dans l’histoire de Softimage et se manifeste toujours aujourd’hui.

En 1993, Steven Spielberg a recours au logiciel de l’entreprise pour donner vie aux dinosaures du film Jurassic Park. «C’était vraiment la première fois que quelque chose comme ça était fait. Cela a réellement lancé la vague de tous ces effets spéciaux et ces personnages animés que l’on voit dans les films aujourd’hui», affirme M. Stevens.

De Microsoft à Avid

L’année suivante, Softimage passe aux mains du géant Microsoft. L’entreprise dirigée par Bill Gates acquiert la compagnie québécoise, en échange de 130 millions $US en actions. Daniel Langlois reste toutefois à la barre de Softimage.

Softimage continue de développer des projets. Elle travaille par exemple en collaboration avec la compagnie Sega sur le jeu Virtua Fighter. La deuxième version de ce jeu voit le jour en 1995. «C’était le premier jeu vidéo qui mettait en scène des personnages aussi réalistes, des personnages en trois dimensions», dit le vice-président et directeur général de Softimage. Depuis lors, le nombre de jeux vidéo, leur qualité, le nombre de personnages qu’on y trouve et leur réalisme ont augmenté de façon importante.

En 1998, la compagnie Avid, reconnue pour ses logiciels de montage, acquiert à son tour Softimage. Le coût de la transaction? 285 millions $US. Daniel Langlois se retire alors des activités quotidiennes de l’entreprise qu’il a fondée. Il occupe néanmoins un siège au conseil d’administration d’Avid Technology, qu’il quitte en 2000.

Au moment de la transaction de 1998, Daniel Langlois déclare au Devoir que l’équipe de développement, comprenant quelque 300 employés, demeurera dans la métropole et que leur nombre devrait même augmenter avec l’arrivée de personnes venant de Boston. Huit ans plus tard, Softimage compte environ 250 employés, dont quelque 200 à Montréal, dans les bureaux de l’entreprise, boulevard Saint-Laurent.

L’industrie a évolué avec les années et le prix des logiciels d’animation 3D a chuté. Un tel logiciel, qui pouvait coûter plus de 100 000 $ dans les débuts de l’entreprise, vaut moins de 8000 $ aujourd’hui. Les versions «advanced», «essentials» et «foundation» du logiciel XSI de Softimage se vendent à l’heure actuelle respectivement environ 7925 $, 2260 $ et 560 $.

Au cours des années, Softimage a cherché à démocratiser la technologie qu’elle a développée. Elle tente entre autres de rendre ses logiciels accessibles au monde de l’éducation, de l’école secondaire à l’université. Elle offre ses produits à prix réduits aux institutions d’enseignement, a mis au point du matériel didactique et créé un processus de certification pour les centres de formation et les instructeurs. «Nous voulons permettre à plus de personnes de se familiariser avec l’utilisation des logiciels d’animation 3D», dit Marc Stevens.

Perspectives d’avenir

Softimage offre par ailleurs toujours des logiciels destinés aux professionnels des milieux du cinéma, des jeux vidéo et des publicités télévisées, et les acteurs de ces industries continuent d’y faire appel. La technologie de Softimage a par exemple été mise à contribution pour le film Happy Feet actuellement à l’affiche, ainsi que pour les publicités télévisées de la compagnie Bell mettant en scène les castors Jules et Bertrand.

La division d’Avid continue aussi d’offrir de nouveaux produits. Cette année, elle a lancé le logiciel d’animation faciale Face Robot. «Les personnages dans les jeux vidéo deviennent de plus en plus intéressants, mais leurs visages [et leurs expressions faciales] continuent de ne pas être réalistes. C’est une chose à laquelle nous accordons beaucoup d’attention en tant qu’êtres humains. Cela peut faire la différence entre une bonne et une mauvaise performance à l’écran ou une bonne ou une mauvaise expérience de jeu. Donc, nous avons vraiment tenté de créer un logiciel qui permette à l’artiste de mieux animer les visages des personnages 3D dans les jeux vidéo, dans les films et dans les publicités télévisées», mentionne le vice-président et directeur général de Softimage.

Le développement actuel des jeux vidéo offre par ailleurs des perspectives intéressantes pour Softimage, selon M. Stevens. «Avec la nouvelle génération de consoles de jeux vidéo, les attentes sont beaucoup plus élevées en ce qui concerne la qualité de l’environnement et des personnages des jeux. Je crois que nous avons une technologie [qui permettra de répondre à ces attentes]», dit-il.

Quelles sont les pistes de développement pour l’avenir? Si beaucoup de chemin a été parcouru depuis 20 ans, les techniques d’animation peuvent encore être améliorées, mentionne le vice-président et directeur général de Softimage. La division d’Avid cherchera à offrir des outils permettant d’effectuer des animations 3D d’une plus grande qualité en moins de temps et de créer des personnages 3D animés de façon encore plus réaliste.